Vers un Internet Mobile

La popularité croissante de l'Internet mobile met chaque organisation dans la nécessité d'évaluer ce médium par rapport à ses objectifs de communication.

A très courte échéance l'Internet mobile se substituera en grande partie à l'Internet fixe, permettant d'atteindre des publics nouveaux et plus larges.

Les usagers d'Internet mobile ont une forme d'interaction tout autre qu'avec l'Internet fixe : ils cherchent moins la découverte, que les contraintes du portable rendent laborieuse, mais l'action pointue, rendue possible par le couplage avec les fonctions de télécommunication.

L'exploitation réussie du nouveau médium passe par l'adéquation des contenus aux critères spécifiques de la technologie mobile et par l'insertion judicieuse du nouvel outil dans l'infrastructure Internet existante.

Internet Mobile : le Médium

Le souci du taux d'audience a conduit les organisations à développer des stratégies de communication multi-canal, en assurant une présence dans les média traditionnels – la presse écrite et audio-visuelle – mais aussi plus récemment dans l'Internet, en se dotant d'un site Web officiel.

Cependant, le raz de marée de la téléphonie mobile a fait éclater les frontières des média en mettant entre les mains de plus de 87% de la population mondiale (124% en Suisse) [1] un instrument capable non seulement de communication vocale ou de transmission de données (SMS - short message service), mais encore d’accéder à l'Internet (courriel) et au Web au moyen de navigateurs chaque jour plus performants.

L’accès au Web par le réseau mobile ne peut plus être considéré comme modeste [2]. En Suisse, 46,3% des usagers d'Internet (ou 2,45 millions de personnes) accèdent au Web également par un téléphone mobile, 28,4% étant des « surfeurs » quotidiens (soit 1,51 millions de personnes – chiffres de janvier 2012). Ils étaient respectivement 29,2% (1,45 millions) et 13,8% (0,683 millions) en 2010. Ceci sans tenir compte des détenteurs de tablettes de type iPad, Kindle, Playbook ou autre. La croissance au niveau mondial est de 7,4% par mois, tandis que le Web fixe a amorcé un recul de -0,2% par mois [3], faisant prévoir le dépassement du Web fixe par le Web mobile au cours de l’année 2014.

Il est symptomatique que le nombre global d’abonnés à l'Internet haut débit par le réseau mobile en 2010 fut le double (201%) de celui du réseau fixe. En Suisse, le nombre d’abonnés à l'Internet haut débit par le réseau mobile dépassait de 13,5% celui du réseau fixe, amenant l'Office fédéral de la statistique à affirmer que « L’évolution vers un Internet mobile est mesurable par le nombre d’abonnés de téléphonie mobile accédant à Internet par le biais de raccordement mobiles à large bande (3G+), qui est passé de 1,8 millions en 2008 à 3,4 millions en 2010 » [4].

Dans ce contexte, aucune stratégie soucieuse de maximiser l'audience ne saurait négliger le nouveau médium qu'est l'Internet mobile.

Ressemblances et Dissemblances des Deux Web

Depuis quelques années déjà, pratiquement tous les téléphones portables disposent de logiciel facilitant l'accès aux services Internet. Aussi peut-on dire que l'Internet mobile est bien le Web. Il faut toutefois compter avec des différences notables en ce qui concerne aussi bien les caractéristiques techniques de l'infrastructure et des terminaux utilisés, que les fonctions et applications qu'ils permettent de réaliser.

Le Web plus les télécommunications

Le navigateur fourni avec chaque appareil mobile met en œuvre des fonctions de base d'accès au Web, comparables à celles présentes dans les ordinateurs individuels. Il est en outre doté de fonctions de télécommunications qui font défaut à l'ordinateur, mais qui constituent la raison d'être originelle du portable.

caractéristique fonctionnelle disponibilité
opération type téléphone portable ordinateur individuel
navigation de pages HTML/XHTML web tous tous
courriel (liens cliquables) web tous tous
flux RSS web majorité tous
téléchargement de cartes de visite (vCard), entrées d'agenda (vCalendar) web majorité majorité
caméra pour l'accès direct au Web par le truchement de codes QR web nombreux, extensions
messagerie SMS, MMS (liens cliquables) télécom tous occasionnel, extensions
appels téléphoniques (liens cliquables) télécom tous occasionnel, extensions
géolocalisation (par satellite GPS, triangulation des relais cellulaires, carte des adresses WLAN) télécom nombreux, appareils récents occasionnel, WLAN
communication en champ proche (NFC/RFID) télécom occasionnel, émergent
boussole (magnétomètre),
détection de mouvement (accéléromètre),
calcul de l'orientation (gyroscope),
détection de proximité,
détection de luminosité.
capteur appareils récents ; navigateur (occasionnel), ou applications

Comme on peut le constater, les fonctions de communications et de traitement du signal présentes dans l'Internet mobile induisent un enrichissement du Web traditionnel qui en font d'ores et déjà un médium distinct du Web fixe.

Un Web plus diversifié

Un téléphone portable est un appareil de communication et de traitement de l'information, comprenant processeurs, système d'exploitation, interfaces réseau, mémoire de masse (éventuellement amovible), dispositifs d'entrée et de sortie – une architecture somme toute similaire à celle d'un ordinateur. Cependant, l'offre des portables est atomisée : innombrables modèles, vaste palette de spécifications techniques, multiples systèmes d'exploitation – contrairement aux PC, plutôt normalisés car soumis à l'hégémonie du système Windows. Ceci oblige à envisager le Web d'une façon nouvelle, même lorsque les performances des appareils mobiles sont comparables à celles d'un PC.

caractéristique téléphone portable ordinateur individuel
mode de saisie clavier numérique ;
clavier alphanumérique compact ;
écran tactile (doigts ou stylet)
clavier alphanumérique complet et souris
usage des mains 1 ou 2 2
manipulation facilement orientable dans toutes les directions fixe
emploi mobile ;
stationnaire
stationnaire (laptop) ;
statique (ordinateur de bureau)

Une première évidence s'impose : les appareils mobiles ne sont prévus ni pour des séances prolongées de rédaction, ni pour la manipulation précise d'éléments graphiques ; l'interface doit minimiser ces opérations, par exemple en remplissant les formulaires automatiquement.

caractéristique téléphone portable ordinateur individuel
taille des écrans très petite ;
diagonale pouces : 1,45 – 5,3 ;
variation : 1 – 3,66
grande ;
diagonale pouces : 10,1 – 32 ;
variation : 1 – 3,17
format mode portrait : tous les appareils ;
mode paysage : smartphones
mode paysage
résolution très faible à moyenne ;
pixels : 128x160 – 800x1280 ;
variation : 1 – 50
faible à très grande ;
pixels : 800x600 – 2560x1600 ;
variation : 1 – 8,53
définition élevée ;
pixels / pouce : 102 – 342 ;
variation : 1 – 3,35
basse ;
pixels / pouce : 51 – 168 ;
variation : 1 – 3,29
positionnement élément HTML (p. ex. champ de formulaire, ligne de texte) : clavier ;
région : tactile
élément HTML (p. ex. champ de formulaire, ligne de texte) : clavier ;
pixel : souris
défilement vertical : tous les appareils ;
horizontal : écran tactile
vertical ;
horizontal : déconseillé

L'écran est l'élément matériel qui présente les différences les plus flagrantes entre mobiles et ordinateurs, et entre portables eux-mêmes :

Pour consulter un site, retrouver un renseignement, effectuer des comparaisons, l'usager mobile est donc obligé de faire défiler l'écran, de changer d'onglet, ou de se remémorer les informations nécessaires. Ces interruptions et la surcharge de la mémoire à court terme entraînent des conséquences quantifiables : une information identique consultée à l'écran d'un iPhone est jusqu'à deux fois plus difficile à appréhender qu'à l'écran d'un ordinateur [5]. Les disparités entre écrans des divers modèles de portables rendent d'autant plus indispensable une ergonomie soignée des applications mobiles.

caractéristique téléphone portable ordinateur individuel
débit du réseau très faible à très élevé
14,4 Kb/s – 42 Mb/s ;
variation : 1 – 2917
faible à très élevé
56 Kb/s – 100 Mb/s ;
variation : 1 – 1786
temps de réaction court à très long
msec : 40 – 700 ;
variation : 1 – 17,5
court à moyen
msec : 10 – 100 ;
variation : 1 – 10
taille maximale des pages très petite à très grande
8 Ko – 8 Mo ;
variation : 1 – 1000
très grande
données multimédia audio et vidéo : balkanisation des implémentations ;
Flash : souvent indisponible
audio et vidéo : pratiquement tous les formats mis en œuvre, diverses extensions pour navigateurs ;
Flash : disponible

Les navigateurs mobiles sont soumis à de fortes contraintes de mémoire, de bande passante et de débit du réseau ; de plus, les coûts de chargement des pages peuvent s'élever considérablement selon l'opérateur de télécommunications, le type de contrat et l'endroit depuis lequel l'usager accède au Web (itinérance). Si l'on considère enfin que bien des portables ne prennent en charge que de façon limitée la programmation au niveau du client (Javascript, cookies) ou l'accès à certains types de pages (Flash, sites vidéo, connexions sécurisées), l'on conviendra que la conception et le développement de l'Internet mobile doivent aller au-delà du Web traditionnel, et par une voie différente.

Parti Pris Mobile Dès la Phase de la Conception

Une application pour l'Internet mobile ne saurait être une miniaturisation d'un site Web pour ordinateurs individuels, de même qu'un site Web n'est pas la transposition en format électronique d'une brochure imprimée. Chaque médium impose à la communication ses contraintes propres, l'enrichit de ses qualités particulières, et est utilisé dans un contexte différent, justifiant ainsi l'adage selon lequel « le médium est le message ».

L'importance du contexte

Même s'appuyant sur des données communes, chaque service doit impérativement être modulé selon son contexte d'utilisation par les usagers. Dans le cas de l'Internet mobile :

  1. Le service se destine aux situations de mobilité – en déplacement, en des lieux variés et imprévisibles (au bureau, chez soi, dans des véhicules, dans la rue, dans des bâtiments publics, etc).

  2. L'interaction s'effectue dans des conditions imprévisibles – bruit et une lumière ambiantes, debout ou assis, avec une seule main, l'attention distraite par des activités concurrentes.

  3. L'usager cherche à effectuer une tâche efficacement – sans nécessairement avoir beaucoup de temps pour s'y consacrer de manière concentrée.

Un service mobile se conçoit donc avant tout comme un tableau de bord : une information synthétique, rapidement compréhensible, accessible immédiatement, débouchant sur une interaction directe – appel téléphonique, envoi de SMS, sélection d'itinéraire.

Un service Web traditionnel, par contre, met l'accent sur la consultation et la comparaison fouillées d'informations détaillées extraites d'une base de données, accompagnées de formulaires de requêtes complexes – telles que l'on peut les trouver dans les sites de commerce électronique ou les banques de données documentaires en ligne.

L'avantage d'un potentiel nouveau

Dans la mesure où elles sont pertinentes dans les deux cas de figure, les services mobiles et Web traditionnels offrent bien sûr des prestations équivalentes, quoique dans un format différent.

L'Internet mobile n'est pas un « petit frère » moins doté de l'Internet fixe, mais un nouvel univers technologique en soi ; en tirer parti implique donc un développement spécifique [6].

Notons que cette question s'est par ailleurs déjà posée dans d'autres contextes :

Enrichir et Aller Droit au But

Concrètement, l'établissement d'une présence dans l'Internet mobile s'accompagne de la restructuration et du reformatage des contenus hérités du Web fixe. Le principe à suivre consiste à maximiser la pertinence de l'information présentée aux utilisateurs et à minimiser les manipulations auxquelles ils doivent procéder pour s'en servir.

Étendre les fonctions disponibles

En premier lieu, il convient d'intégrer les fonctions de télécommunication, de géolocalisation, et d'interactions multi-modales dans la trame des pages Web, avec pour objectif d'enrichir l'expérience de l'usager.

  1. Les dispositifs de communication associés aux coordonnées des usagers ou des organisations sont immédiatement activables au moyen de liens cliquables :

    • appels vocaux et visio pour chaque numéro de téléphone ;

    • messagerie SMS et MMS, courriels.

  2. L'information et la communication sont systématiquement géolocalisées :

    • plans de ville associés aux adresses ;

    • localisation de l'usager et calcul d'itinéraires ;

    • requêtes enrichies des coordonnées géographiques.

  3. L'interface avec le Web s'effectue au travers des dispositifs de saisie d'information propres aux portables, notamment la caméra :

    • activation de liens Internet par le truchement de codes-barres à deux dimensions, ou codes QR ;

    • recherches d'information par reconnaissance d'images.

  4. L'accès aux services disponibles dans l'Internet mobile (par exemple horaires de transports publics, billetterie, services financiers) est facilité en insérant des liens judicieusement choisis dans les pages Web, afin d'éviter un détour fastidieux par un moteur de recherche.

Synthétiser l'information

Deuxièmement, il est nécessaire d'analyser et de discriminer le contenu, afin de le structurer et de le formater de manière adéquate pour le nouveau médium – l'accent étant cette fois-ci mis sur l'ergonomie du service mobile [7]. Il ne s'agit guère de sacrifier les contenus originaux, mais plutôt de comprendre quels buts l'usager poursuit et d'éliminer les obstacles qui l'empêchent de les atteindre.

  1. Une structure rationnelle du site empêche la désorientation.

    • Les chemins de navigation sont raccourcis, l’information est accessible en trois clics au plus.

    • La hiérarchie du site et des menus est élaguée, les connexions entre pages limitées à quelques liens intuitifs organisés systématiquement.

  2. Chaque écran amène les éléments pertinents pour l'interaction en cours, sans submerger l'usager d'informations surabondantes.

    • L'usager obtient immédiatement les informations principales et peut ensuite demander davantage de détails qui lui seront progressivement divulgués dans des pages annexes ou à l'aide de sections télescopiques.

    • Lors d'une requête complexe, les options, formulaires et résultats sont affichés en étapes distinctes, cohérentes et ordonnancées logiquement.

  3. La structure des pages est allégée, rendue plus compréhensible et lisible sur les écrans réduits des portables, ce qui permet également de contrôler le coût afférant aux transferts de données par réseau cellulaire.

    • La sobriété prime : indications succinctes au lieu de descriptions verbeuses, pictogrammes au lieu de définitions textuelles, graphiques au lieu de tableaux de chiffres.

    • Le contenu superflu ou redondant est éliminé.

    • Des éléments couramment utilisés dans le Web fixe (par exemple, boîtes-éclair, fenêtres et menus contextuels, cartes-images, cadres HTML) ne fonctionnent – si tant est – que médiocrement sur les portables ; on évite d'en dépendre dans la conception des services mobiles.

  4. Le service est conçu pour les écrans et modes de saisie des portables.

    • Les informations ne sont pas simplement redimensionnées pour s'afficher entièrement sur un écran de téléphone ; dans le cas d'un plan de ville, par exemple, l'échelle de la carte est ajustée en fonction de la taille de l'écran.

    • La disposition de l'information et les éléments d'interaction sont réorganisés : présentation aérée pour une manipulation sans ambiguïté avec un écran tactile, présentation compacte pour réduire les opérations de défilement avec un clavier numérique.

techniques pour un site mobile fonctionnel
Quelques techniques pour un site mobile fonctionnel : menus télescopiques pour une navigation performante ; mise en contexte de l'information avec des cartes et des liens ; adresses SMS, courriels et numéros de téléphone cliquables.

La Route à Suivre Vers le Web Mobile

Une prise en compte réussie de l'Internet mobile implique la mise à plat de quatre questions primordiales.

Notre public-cible, qu'attend-il  ? Comment se comporte-t-il  ?

Il est généralement admis que les usagers du Web mobile veulent accomplir une tâche précise, tandis que les usagers du Web fixe sont plus enclins à explorer le site en quête de découvertes. Par ailleurs, les utilisateurs d'un ordinateur sont prêts à s'engager dans des transactions complexes car outillés pour cela, alors que beaucoup d'utilisateurs de téléphones portables risquent d'être plus rapidement découragés face à de laborieuses saisies de données. Aussi, l’expérience personnelle de l'utilisateur du Web mobile doit-elle être engageante, conviviale, menant rapidement au but.

Quel que soit le véhicule de migration choisi, le fournisseur de contenus ne peut donc pas s’épargner l'effort de passer le contenu au crible, afin de déterminer les éléments qui doivent apparaître dans le mobile, selon quelle hiérarchie et séquence, et pour quel objectif. Une statistique des pages les plus visitées du site Web existant, en fonction du terminal employé (ordinateur, tablette, ou téléphone portable), permet d'identifier les éléments prioritaires devant figurer dans le site mobile. On peut profiter de cette analyse pour procéder à un élagage souvent bienvenu du site fixe lui-même.

Enfin, le mode d'interaction avec le site doit être étudié afin de replacer les manipulations dans un contexte mobile – remplissage de formulaires, choix dans des listes d'options, basculement vers d'autres outils (appels vocaux, SMS, etc), localisation de l'usager, etc.

S'il est avantageux de se faire assister par le technicien, afin de mieux savoir ce qu'il est possible de faire, c'est le responsable de la communication qui en dernier lieu décide de l'organisation du site et des informations à y intégrer.

Comment intégrer l'Internet mobile dans les systèmes existants  ?

L’évolution du Web a abouti à une situation où les contenus se trouvent parfois stockés dans des CMS (content management systems) sous forme de répertoires de données non-structurées, l'accent ayant souvent été mis sur l'organisation des éléments de navigation (menus, onglets, raccourcis), la disposition de l'information dans la page et son aspect, plutôt que sur la structuration de l'information.

Mieux les données originelles sont structurées sémantiquement, plus l'intégration fixe-mobile est aisée et plus facile est l'enrichissement du contenu par des fonctions spécifiquement mobiles, de télécommunications ou de géolocalisation – dont peut éventuellement bénéficier le site fixe lui-même. En l'absence d'une structure suffisante, il faut au préalable trier les répertoires et en structurer les données, afin de disposer d'un contenu neutre que l'on peut décomposer et faire correspondre à une organisation des pages pour n'importe quel terminal. Ceci explique pourquoi il est illusoire de s'appuyer sur des méthodes de transcodage de pages formatées pour le Web fixe en information taillée pour le Web mobile [8] : un document HTML mélange indissociablement les instructions et balises de structuration sémantique et celles servant à des fins stylistiques.

Une fois que les données de base du CMS disposent de marqueurs sémantiques adéquats, il est possible de les extraire, manipuler et convertir dans les divers formats pour Internet mobile, et ainsi d'établir une chaîne intégrée de traitement et de mise à jour – le CMS fournissant les données de base qui sont reprises et exploitées dans les sites Web fixe et mobile, et, en retour, enregistrant les données produites par les usagers des sites Web fixe et mobile (par exemple lors de l'envoi de formulaires d'inscription) dans une base de données unique.

Un site Web recourt souvent à des services externes ; il convient d'examiner systématiquement ces dépendances et de remplacer les liens correspondants par leurs équivalents mobiles (par exemple : publicité, analyse de fréquentation, services externes de billetterie, de transport, de restauration...)

Un élément central d'un tel système est la procédure de reconnaissance de l'appareil utilisé pour accéder au site, ce qui implique une base de données de définition de terminaux régulièrement mise à jour.

Faut-il avoir un site mobile séparé  ?

Si, comme expliqué plus haut, le contenu est le même, quoique structuré et présenté de manière différente, il en découle que la diversification des expériences d'accès au Web peut être mise en œuvre selon trois méthodes principales.

Le référencement du site Web s'effectue par le biais d'un domaine unique (www.site.ch), ou par des noms de domaines distincts (mobile.site.ch et www.site.ch).

Web mobile ou applications natives (apps)  ?

On attribue à Google l'assertion que le Web mobile sert à attirer l'utilisateur et les apps à le fidéliser. Le responsable de l'organisation doit trancher sur ce qui est primordial [11] : atteindre le taux le plus élevé possible du public cible, ou offrir aux fidèles une expérience unique  ?

Négliger la majorité des utilisateurs qui possèdent des appareils de bas et de milieu de gamme n'est toutefois pas la contrepartie obligée d'une stratégie mobile : l'optimisation du site pour tous les terminaux – quels que soient les systèmes d'exploitation, les tailles d’écran, les capacités techniques ou les interfaces – est chose immédiatement réalisable avec une plateforme d’Internet mobile, de la même façon qu'un site Web fixe fonctionne avec tous les modèles, systèmes d'exploitation et navigateurs de PC.

En outre, le déploiement d'un site Web mobile revient dans la règle moins cher qu’une application native :

Enfin, une plateforme Web mobile construite à l'aide de technologies ouvertes et respectueuse des normes internationales a une espérance de vie bien plus élevée que tout système propriétaire.

Si Web et apps sont des démarches complémentaires plutôt que mutuellement exclusives, le Web mobile constitue assurément l'option prioritaire pour la mise en œuvre de services universels et pérennes. Ainsi, le Financial Times a mis un terme au développement de ses « apps » pour l'édition en ligne du journal en faveur d'une approche multi-plateforme réalisée en HTML5, comprenant une base commune optimisée pour différentes catégories de terminaux. Cette expérience montre que la technologie Web arrive au point où un site Internet soigneusement conçu ne le cède en rien à une application spécialisée [12].

Une Évolution Positive

Le panorama brossé dans les pages précédentes peut faire l'effet d'une douche froide pour les développeurs et responsables habitués au paradigme Web traditionnel : les terminaux mobiles ne constituant pas une catégorie vaguement exotique d'ordinateurs portables, toute activité dans ce domaine entraîne un remaniement de la stratégie Internet, ainsi que des efforts particuliers de développement.

La différence de nature entre les Web fixe et mobile étant établie, il ne faut pas perdre de vue les avantages considérables qui en découlent : des fonctions innovantes, conviviales et utiles, impossibles à réaliser avec le Web fixe ; une immédiateté des services incomparable ; une couverture supérieure du public-cible. Ces bénéfices sont tels que d'aucuns proposent, sous le slogan de « mobile first », de privilégier le Web mobile dans la conception de services Internet. Sans aller aussi loin, une organisation peut adopter ce nouveau médium et tirer parti des ses riches potentialités – d'ailleurs en constant accroissement – en tenant compte des éléments de réflexion exposés dans cet article.

Références

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Première publication : 2012-04-26.